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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 11:03


       Tous les ans, il sort au cinéma des centaines et des centaines de films. Des films bien, d'autres moins bien, des navets, des films français, chinois, australiens, etc. D'où la difficulté de tomber sur un bon film. Le côté "promo" d'un film entre alors en jeu: on braque souvent les projecteurs sur un film plutôt qu'un autre, ce qui a pour mauvais effet de parfois nous faire rater de très bons films.


      Hier soir, passait à la télé "Juno", l'histoire d'une jeune ado enceinte qui décide de garder son bébé. Un très bon film, bien joué, bien filmé, avec une bande originiale de premier ordre. L'occasion de retrouver  Jason Bateman, qu'un super pote m'avait fait découvrir à travers la série (trop vite arrêtée) "Arrested Development". Après quelques recherches sur Allociné, j'ai vu qu'il partageait dernièrement l'affiche avec un autre acteur de série terrible, Zach Braff, qui interprète JD dans le cultissime "Scrubs" (saison 8 en cours aux States). Ce qui est bien avec le cinéma, c'est tous les réseaux sous-terrains qui relient un film à un autre.



Je me suis donc intéressé hier soir au cas Zach Braff en tant qu'acteur de cinéma, et ce fut l'occasion pour moi de regarder son premier film en tant qu'acteur/réalisateur, sorti en 2005, "Garden State", le film de la semaine. Je me demandais bien ce que pouvait donner JD sans sa blouse bleue et ses délires cartoonesques. Très autobiographique, "Garden State" raconte l'histoire d'un modeste acteur de série-télé qui rentre dans son patelin d'enfance pendant quelques jours (cause: décès de la maman).


         Sur le papier, scénario et morale classiques: c'est en revenant aux sources de son enfance que le héros parvient à surmonter ses vieilles frustrations. Il revoit un par un tous ses anciens amis du village, et se rend compte qu'il a évolué différemment, et ne se sent donc plus "chez lui" dans son bon vieux New Jersey. Généralement, on connaît bien ce genre de film: pseudo-film d'auteur, essayant de tirer la larme à chaque fois que le héros semble avancer difficilement dans la grisaille pavillonaire d'une banlieue new-yorkaise.


        Mais se dégage de "Garden State" tout autre chose, une sentimentalité rêveuse qui empêche le film de plonger tête la première dans le soap. Et c'est là que l'on retrouve le JD que l'on connaît. Au lieu d'avoir une galerie de personnages fades servant uniquement de faire-valoir, on a toute une petite tribu d'anciens potes du lycée tous plus fous les uns que les autres: l'un a fait fortune en inventant le premier velcro muet (fallait le faire), l'autre habite toujours chez maman et tape des bangs à longueur de journée, avant de partir bosser comme fossoyeur au cimetiere du village.
Des situations plus cocasses les unes que les autres s'enchaînent, de la soirée sous ecstas à la découverte d'un énorme bateau perdu dans une forêt (je vous laisse découvrir les autres). Le contraste entre le personnage de Braff et tous ses potes tend à disparaître: ce n'est pas en se comparant avec les autres que le héros finit par évoluer, mais en vivant des situations étonnantes et en jaugeant sa capacité à réagir par lui-même.


    Ce qu'il manque donc là, c'est THE love-story. C'est le plus important dans ce genre de film, et c'est à ce moment que beaucoup tombent dans de la mièvrerie rose-bonbon. Parce que oui, le héros va faire une rencontre, que tous les gars de la terre aimerait faire: rencontrer Nathalie Portman, parfaite dans son rôle de fille complètement déjantée dont on ne peut pas s'empêcher de tomber amoureux, tant elle est spontanée et que son sourire vous cloue au sol.
Encore une fois, "Garden State" échappe au scénario classique du "Waouh t'es jolie, embrassons-nous et partons vivre sous les palmiers au Groenland", en prenant tout son temps pour mettre en place cette jolie relation entre deux personnes finalement perdues dans leurs vies respectives.
Quand un bon film d'auteur arrive à trouver la fraîcheur d'un bon teen-movie. On garde le mystère sur l'issue de tout ça.


"Garden State" réussit donc son pari de nous amuser, de nous faire rire, de nous faire un peu rêver, grâce à des situations bien trouvées et une mise en scène qui transpire la folie douce. Les situations plus dramatiques sont bien traitées, à aucun moment on tombe dans le mélo total style "téléfilm M6", tout simplement parce que tous les personnages paraissent totalement décalées. Finalement, la bouffée d'air frais vient de cela: tout humain est forcément décalé par rapport à son voisin, et ça ça fait du bien.

On s'amuse, on réfléchit, on rêve, c'est ce qu'on demande au cinéma. Et c'est déjà beaucoup.






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commentaires

N
Oui à tout! Bien vu, bien dit. Rien à rajouter :)
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C
"Garden State" est mon film préféré. Pourtant, j'en ai vu des films, beaucoup, énormément, passionnément. Je n'ai jamais réellement su en mettre un en avant, dire "c'est celui-là, c'est lui LE film". Jusqu'à "Garden State". <br /> Je suis d'accord avec ce que tu dis ici. Je voudrais en plus rajouter une lecture plus personnelle à ce film, qui explique pourquoi lui, ce qu'il a de si spécial qui fait qu'il a volé mon cœur. <br /> Bon, il y a les acteurs. Et la musique. Et la réalisation (parce que, pour un premier film, je la trouve très aboutie). Et l'histoire. Mais pour moi, il y a ce que l'on peut lire en filigranes dans cette histoire. Ce film parle d'une génération, la mienne pour l'instant, celle qui se trouve entre l'adolescence et ce que l'on appelle à l'heure actuelle l'âge adulte, représenté par des couples installés et ayant procréé de préférence. Ce film parle de la difficulté que l'on peut ressentir à trouver sa place, à s'écrire une histoire en dehors de son passé et pas encore dans son "avenir", dans ce que sera le reste de notre vie. C'est un film qui arrive à cristalliser cet "entre-deux" mystérieux, cette période de la vie qui devient de plus en plus longue, et donc de plus en plus difficile à définir, à comprendre, à appréhender. Alors peut-être que dans 10 ans ce film ne me parlera plus autant. Mais pour l'instant il a une très grande résonance en moi. Comme un "Lost in Translation" peut en avoir une aussi d'ailleurs. <br /> Tant que j'y suis (quitte à faire un commentaire de 2 km, autant ne pas faiblir dans la dernière ligne!), j'aime aussi énormément "Juno", sa B.O., et en particulier Bowie, un de mes chanteurs préférés, alors merci d'avoir illustré musicalement cet article par cette chanson. ^_^
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C
Juno et Garden State! Deux de mes films préférés! Il est grand temps que je me mette à Scrubs... (Honte à moi! Je dois être la seule à ne pas avoir vu un seul épisode de cette série lol!)
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